Bohem naquît auprès de la haute bourgeoisie de Centimer. Rien ne semblait prédestiner l'enfant à devenir ce qu'il est aujourd'hui. Ses parents, appréciés par les prestigieux seigneurs de la capitale étaient toujours de mondanités, mondanités auxquelles ils conviaient également leur fils, sorte de petit trophée à bien exploiter afin de pouvoir parader. En effet, le jeune enfant était d'une politesse et courtoisie sans limite, son intelligence le rendait appréciait de ses pairs et ses parents étaient jalousés. Néanmoins, le jeune s'ennuyait fermement. Sa vie, entre deux pièces dorées, ne rimait finalement à rien. Les livres qu'il parcourait le soir venu, enfin seul dans sa grande chambre, l'emplissait d'espoir et de rêveries. Mais rêver enfant n'est pas rêver adulte car lorsqu'on doit grandir, il faut assumer ses responsabilités.

Lors de l'adolescence, Bohem quitta les classiques règles établies par ses parents afin de voir du pays. Certes, il ne s'aventura pas bien plus loin que les frontières de Centimer mais ce départ marqua le point de non retour de sa nouvelle vie. Il s'amourachait des belles donzelles passant sous sa coupe, les charmant par sa prestance, discourant sur la beauté de leurs lèvres et la convoitise qu'inspiraient leurs formes. Bref, un séducteur doublé d'un bonimenteur, revêtant le rôle d'un prince ou d'un aventurier selon la dame afin de mieux l'apprivoiser. Le jeune homme rentrait de plus en plus tard, se faisait de plus en plus absent auprès de ses parents jusqu'au jour où il décida de couper les ponts. On lui demanda de faire un choix, même si les mots de ses parents étaient différents, il devait choisir entre sa vie ou sa famille. Cette dernière, uniquement composée de ses fébriles parents, n'avait jamais été un soutien ou une source de réconfort pour le jeune humain. Ainsi, un ricanement s'échappa, ce jour-là, du plus profond de sa gorge, emplissant la pièce. Il fut suivi d'un profond silence que seuls ses talons quittant la maisonnée troublèrent.

Il dormait rarement seul le soir, ceci lui permettant d'avoir un abri pour la nuit. Ses conquêtes s'enchaînaient bien que son coeur n'était à personne, libre comme son esprit. Ses rencontres l'amenèrent à partager la couche d'une dénommée Zlava, danseuse exquise aux courbes délicieuses, membre d'une troupe ambulante. C'est là qu'il put enfin exercer ses talents, bon à rien, il se pensait juste séducteur mais les flammes l'avaient toujours fascinés, à l'image d'un brasier enflammant ses sens. De ce fait, il se tourna vers le directeur de la troupe, un vieillard rabougri mais solide comme un roc. Il lui enseigna l'art de cracher des flammes. La troupe fut disloquée à la mort de cet homme mais Bohem lui, resta attaché à ses enseignements et gagne sa vie de cette façon de nos jours.